Le voyage sur le chemin de Compostelle. 

Le pèlerinage que nous organisons vers Saint-Jacques-de-Compostelle représente sûrement le meilleur laboratoire d’expériences pour l’évolution de la conscience et celle des membres qui y participent.
Le cheminement de ce groupe est réalisé dans l’esprit de l’Écosophie Agapé pour porter la force du Vivant et la transmettre à notre Mère la Terre.
Par cette marche, nous témoignons de l’Art sacré du Vivant.
En effet, elle n’est pas simplement symbolique mais elle atteste de notre foi par nos actes. Chacun des marcheurs personnifie à son niveau cette lueur d’Amour qui manifeste la flamme de l’espoir du Monde à venir. Ainsi, nos pieds sont prêts à nous accompagner en tant que pèlerins, témoins de la Lumière vivante pour que l’Amour grandisse et se déploie.

Encore une fois, il est vraiment important de vérifier si nous sommes capables d’incarner à travers cette marche l’esprit de la Communauté du Vivant.
Ainsi, dans cette quête de réalisation de l’Être, au cœur de nous-mêmes, nous avons décidé à une trentaine, dont la doyenne a dépassé les quatre-vingts ans, de partir sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Le récit de ce pèlerinage trouve son intérêt par le témoignage qu’il nous délivre sur le travail intérieur. Il manifeste assurément que le véritable Amour est le fruit d’un réel travail de transformation.

Quand nous marchons sur le chemin vers Saint-Jacques-de-Compostelle, nous sommes portés par la même Terre, nous partageons la même Vie, le même Souffle, nous respirons le même air et sommes nourris par le même Soleil. Et pourtant, chacun le vit différemment, dans son unicité, dans la force de son individualité. Chaque visage est unique et pourtant nous cheminons du même pas. Nos différences ne nous séparent pas et, dans ce respect mutuel, nous apprécions nos dissemblances, nos façons d’être, nos moyens d’aimer, nos intelligences si particulières… Au lieu de nous cloisonner, nous nous enrichissons les uns les autres et seul le sentiment d’être communément au cœur de l’Être nous permet de vivre cet état intensément. Nous avançons ensemble et nous sommes tous pareils, à l’image d’une communauté heureuse et en paix avec l’Unité qui nous lie. En chacun de nous réside à la fois l’Un et le Tout, tant dans nos relations, nos différences que dans notre alliance. Plus nous respectons la particularité de l’autre, plus nous nous découvrons Un. Il s’agit vraiment d’un art de vivre.

Ce pèlerinage de Compostelle est bien entendu en lien avec notre démarche spirituelle dans l’esprit de l’Écosophie Agapé qui nous propose et nous apporte une compréhension nouvelle de telle sorte à nous situer dans notre perception quant à la place de l’être humain au sein de l’univers. Ce cheminement, toutes proportions gardées, même s’il suscite un travail intérieur, représente surtout une marche pour la paix en vue d’aider l’humanité. Nous apportons notre pierre à l’édifice pour marquer une volonté forte de former cette Unité d’Amour et de Sagesse qui sera salutaire pour notre planète. Seule la conscience agira pour cette évolution. Et c’est par notre marche que nous développons cette conscience qui favorisera l’ascension de notre Mère la Terre.
Lorsque nous parlons de paix, elle est avant tout intérieure.

Notre sensibilité écosophique nous amène donc à nous rapprocher de la nature vivante et ainsi, par un jeu de miroirs qui nous renvoie directement au cœur de celle-ci, nous tentons de rétablir une connexion, non seulement avec nous-mêmes, avec notre propre nature intérieure, mais aussi avec cette Terre Mère nourricière.

Nous avons fait nos premiers pas vers Saint-Jacques-de-Compostelle munis de cartes géographiques, mais en réalité, nous nous dirigions vers « rien de connu », à la découverte de nous-mêmes, des autres et de l’instant présent. Car, dans cette aventure humaine, tout est à venir, tout est à créer.

Nous ne marchons pas à la recherche d’une émotion particulière ou d’un lieu insolite afin de nous valoriser d’avoir atteint un certain but ; notre quête consiste plutôt à aller sans cesse vers nous-mêmes, un pas de plus qui nous dirige continuellement dans ce Souffle qui anime toute la Création.

« Nous oublions souvent que nous sommes nature. La nature n’est pas quelque chose de distinct de notre part. Ainsi, quand nous disons que nous avons perdu notre connexion à la nature, nous avons perdu notre connexion à nous-mêmes. » (Andy Goldsworthy).

Nous sommes cette terre, ce corps, ce milieu dans lequel nous évoluons, ce lieu de passage… Car, après tout, nous ne faisons que passer sur cette Terre. Sans pour autant l’idolâtrer, il s’agit de la respecter puisqu’elle est le lieu qui nous accepte et nous accueille pour grandir.
Il est temps de passer de l’égologie à l’écologie. Dans l’égologie, le Moi est au centre du monde, alors que dans l’écologie, c’est le monde qui est au centre du Moi. Le moment est venu d’établir ce rapport et de se découvrir chacun au pluriel.

Il est essentiel d’intégrer que nous sommes un, mais un avec les autres. Nous sommes le groupe qui s’est mis en chemin, et au-delà de ce que nous sommes, nous sommes la Communauté du Vivant.
Ce pèlerinage établit un grand défi collectif, un partenariat d’aventure altruiste, un art de vivre ensemble, un parfait athanor humain qui ne demande qu’à laisser « je » pour « nous », car l’homme égocentré ne pense pas groupe, il pense je. Et l’égocentrisme n’a pas sa place pour qui souhaite s’ouvrir à l’autre.
Une transformation par l’ouverture du cœur est indispensable pour cheminer vers l’autre au-delà de nous-mêmes. Il s’agit d’effectuer un déplacement de la pensée issue de l’intellect vers la pensée qui vient du cœur.
Le groupe sur le chemin de Compostelle établit pour nous un laboratoire qui rend effective la Communauté du Vivant, cet espace dans lequel chacun peut vérifier sa capacité d’aimer avec l’intelligence du cœur, sans rien attendre en retour, simplement avec bienveillance et compassion.
Nous formons une communauté en devenir qui certifie par son espoir et sa foi qu’une autre voie que celle que prend l’humanité est possible.
Nous aspirons à hisser la Communauté du Vivant vers un espace dans lequel les relations entre les personnes évolueraient d’un mode ego à ego vers une qualité d’âme à âme. Dans cette perspective, nous ne serions plus les uns à côté des autres, mais tous dans la même Unité d’âme, reliés par un Amour, celui de l’être. Seul le retour à l’intelligence du cœur peut y contribuer.

Nous avançons avec patience et humilité mais aussi avec détermination dans notre foi pour estomper les limites qui nous séparent de cette évolution spirituelle. Nous savons bien que ce n’est pas la volonté intellectuelle qui nous mènera à cet objectif mais que son succès ne peut être garanti que par l’Amour, la plus grande Source de Pouvoir et de Guérison.